Le Japon annonce un plan de relance : peine perdue ?
Le gouvernement japonais de centre gauche de Naoto Kan a proposé et fait voter aujourd’hui un plan de relance de l’économie de 8,5 milliards d’euros (915 milliards de yens). Ce plan vise à relancer l’économie japonaise, chroniquement malade et dépassée cet été par la puissance chinoise.
C’est près de 200 000 emplois qui seront créés par cette nouvelle injection de fonds publics. Principalement pour contrer les effets de la hausse du yen et pour repousser le spectre de la spirale déflationniste. Le projet est d’aider les jeunes diplômés (classe particulièrement touchée par le chômage et la pauvreté), de soutenir les PME (qui embauchent 90% des employés japonais), de favoriser l’investissement dans les industries respectueuses de l’environnement et enfin, d’encourager la consommation.
Le gouvernement espère ainsi un regain de 0,3% de croissance. Un objectif modeste mais réaliste car l’économie du Japon ralentit : de 5% de croissance annuelle moyenne au premier trimestre, le Japon est passé à 1,5% au deuxième trimestre. Or l’État ne peut faire beaucoup plus : endetté jusqu’au cou (plus de 200% du PIB), il concentre en priorité ses efforts à payer les intérêts de cette dette. Malgré le fait que l’État japonais n’ait pas à entretenir d’armée dotée de la force nucléaire et qu’il lui soit interdit de se projeter (les premières missions de l’armée japonaises à l’étranger sont actuellement encadrées par l’ONU), il ne peut dégager suffisamment de marge pour réformer un système en faillite.
Car si les autres nations développées sont en train de se relever de la crise qui les a jeté à terre en 2008, le Japon ne se relève toujours pas de celle qu’il a subit en 1997 ni du lent enlisement de son modèle de croissance depuis bientôt vingt ans. Les emplois dans les grands groupes internationaux japonais (les keiretsu) ne sont plus assurés à vie et deviennent aussi précaire que ceux des PME, qui sont pourtant le socle (particulièrement flexible) de l’économie. La population vieillit et s’appauvrit au point que certaines personnes âgées agressent des gens dans la rue pour pouvoir être mis en prison où ils seront mieux traités que chez eux ou dans la rue. Les travailleurs pauvres se multiplient et les perspectives de croissance se réduisent.
Car l’État japonais a aussi fondé sa croissance sur ses exportations vers les nations développées ; or le yen s’apprécie mécaniquement car le dollar se déprécie, ce qui ne joue pas en sa faveur. D’autant plus que les pays vers lesquels les entreprises japonaises exportent, où dans lesquelles elles produisent, connaissent aussi la crise, d’où un manque de débouchés pour des produits généralement haut de gamme et technologiques (produits non prioritaires pour les ménages en temps de crise).
Au final, et assez paradoxalement, c’est le menaçant voisin chinois qui constitue le meilleur support d’un éventuel rebond de l’économie japonaise. Grâce à l’émergence de ses classes moyennes et aisées composées de dizaines de millions de personnes avides de s’équiper, c’est un marché colossal dont le Japon compte bien profiter.
Qui du lièvre ou de la tortue arrivera en premier ?